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Chlorophylle & Béton
9 janvier 2008

TRAVAILLER MOINS... ET VIVRE MIEUX

HD_Desktop_Folder_CourrierIntEn pleine lecture du dernier Courrier International, je m'arrête le temps de ce petit article, pour vous le conseiller vivement, notamment pour son dossier spécial "Travailler Moins Pour Gagner Moins et Vivre Mieux". Les articles choisis font un tour d'horizon ce nouveau mode de consommation raisonnée que l'on retrouve un peu partout dans le monde, basé sur l'idée d'une décroissance commerciale et donc économique, et ce dans une perspective d'écologie, d'entraide communautaire et de revalorisation d'un humanisme certain, et dont l'objectif principal est le "Vivre Mieux". Simplicité de vie et recherche d'un vrai Bonheur à Durée Indéterminée (que l'on pourrait abréger par BDI, à l'instar de notre CDI professionnel national) en sont les motivations communes. A celà s'ajoute l'envie de pouvoir "Vivre Ensemble" en harmonie, et de développer des moyens autonomes pour subvenir à nos propres besoins en énergie. L'exemple est donné de la ville de Kinsale (à l'ouest de Cork en Irlande) se posant en "ville de transition", et qui développe une micro-économie "auto-suffisante", réduisant au minimum "sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles". L'étude de ces nouveaux comportements résolument responsables et mûrement réfléchis en matière d'écologie et de qualité de vie (la VRAIE qualité de vie, et non pas celle qui se mesure à coups d'achats - compulsifs ou non - et de possessions matérielles) passe en revue les nouvelles mentalités émergentes de plusieurs pays dont : le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suède, l'Australie, les États-Unis, l'Irlande, le Canada. Il y est aussi question de la France et de notre intention de faire du dimanche une journée de travail comme les autres. Loin d'être un progrès social, cette fausse bonne idée est ici démontée, en prenant pour exemple les travailleurs du dimanche allemands : 2/3 d'entre eux souhaitent réduire voire renoncer à travailler ce jour-là, et ce MALGRÉ LE SUPPLÉMENT DE SALAIRE QU'ILS PERCOIVENT. Comme quoi les justifications sarkozystes prônant le travail le dimanche ainsi que de "travailler plus pour gagner plus" sont d'un autre âge, et révèlent un état esprit arriéré. Tout ce que peut apporter cette "mesure" c'est d'habituer le consommateur à consommer perpétuellement, sans répit, transformant son temps de loisir en temps de consommation, habitude déjà amorcée avec l'avènement de la consommation sur internet, possible 24h/24 et 7j/7. Autre inconvénient notable, le fait de travailler le dimanche risque de déshumaniser encore un peu plus notre société, tant au niveau de la famille que des amis, car ce jour libre en commun qui nous permettait de nous retrouver et de développer une sorte de solidarité amicale et familiale sera aboli. Supprimer ce jour où tout un chacun peut se rencontrer sans contrainte professionnelle risque, à terme, d'entraîner la disloquation de la famille (déjà bien entamée avec les maisons de retraite où l'on parque nos vieux), c'est-à-dire une forme de régression sociale et d'individualisme galopant. Cette politique du "gagner plus", si l'on élide la première partie du slogan, va tout autant à l'encontre du mouvement quasi-philosophique (et qui n'est en fait que du bon sens) qui se dessine dans plusieurs parties du monde, pour les pays développés industriellement. Elle révèle un passéisme évident, d'une part en contradiction totale avec la notion d'écologie, et d'autre part génératrice d'un mal-être social profond. En effet, selon les propos du sociologue Edgar MORIN (publiés sur le site du journal Le Monde, le 03.01.08) : << La technique et l'économie aujourd'hui concourent à la dégradation de la biosphère, et à tous les problèmes écologiques que nous rencontrons aujourd'hui. Je dis aussi que partout où les biens matériels ont été apportés à une partie de la population, ils n'ont pas apporté un véritable bien-être psychologique et moral, et qu'il y a malaise chez ceux qui connaissent le bien-être. L'individualisme, qui est une chose positive sur le plan de l'autonomie et de la responsabilité personnelle, s'est développé en provoquant le dépérissement des solidarités. Ce sont tous ces phénomènes de dégradation qui sont les aspects négatifs, liés au fait que ce qui domine, c'est la quantité, le "plus", au détriment du mieux. C'est pour cela qu'il faut une réforme de civilisation. >> Ou encore ces mots explicites d'Alain BADIOU extraits de son ouvrage De quoi Sarkozy est-il le nom? : << (...) Il élabore, notre président, une ontologie du profit : ce qui n'a pas de profitabilité n'a pas de raison d'être, et si quelques huluberlus [Alain Badiou parle ici des personnes susceptibles d'étudier "la littérature ancienne" ou "les sciences sans applications connues"] continuent à être attachés à des activités mentales gratuites, qu'ils se débrouillent tout seuls, ils n'auront pas un sou! >> Bref, il est temps de réellement moderniser notre système économique basé sur le "toujours plus", et de songer à une autre forme de vie en société. C'est un peu raté pour les 5 ans à venir. Tout ceci pour vous dire, si ce dossier de Courrier International vous intéresse, de vous dépêcher d'aller le trouver chez votre libraire (ou en médiathèque) car il est paru depuis jeudi dernier, et le nouveau numéro paraît le jeudi 10 janvier, c'est-à-dire demain! Bonne lecture en tout cas, et bonne réflexion si vous souhaitez apporter votre pierre à l'édifice!
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